Publié par Via Prévention. Catégorie Entrevue
Si c’est la question que vous vous êtes posée en apprenant la nomination de Judy Ostiguy à la direction générale de Via Prévention, cette entrevue est faite pour vous. Si vous connaissiez déjà Judy, continuez quand même votre lecture, je suis sûr que vous allez découvrir une ou deux choses par-ci par-là, peut-être cette vieille histoire de souris, car Judy se confie confiante. Je n’ai pas encore posé une première question que cette experte en ressources transport commence déjà à se livrer.
Via Prévention
Judy, tu as un passé en ressources humaines?
Judy Ostiguy
Oui. J’ai fait mes classes chez Garda. J’étudiais en maitrise de communications publiques à l’Université Laval quand un ami, directeur général de l’entreprise, m’appelle pour me proposer un poste à temps partiel. Il s’agit de bâtir un mini département de ressources humaines pour le centre des congrès de Québec, leur client. Mon entourage me connait comme une personne organisée. Donc pour lui je suis la bonne personne pour la job. Je suis restée dix ans chez Garda, poursuivant à Montréal après mes études. Je monte les échelons en touchant à tout, mais toujours spécialisée en relations de travail et santé-sécurité. Ce sont mes deux dadas. Après ces années, je suis contactée par un chasseur de têtes et rejoins XTL Transport pour y travailler presque quinze ans. Je continue mes classes en transport. C’est une suite logique dans une magnifique entreprise. Les équipes sont formidables. Puis je passe de marchandises à passagers chez Transdev Canada. Les principes de RH et de SST demeurent les mêmes. C’est de là que je viens et c’est là où je vais. Quand j’ai appris le départ à la retraite d’Isabelle, j’ai vu une opportunité incroyable de marier transport, ressources humaines et santé-sécurité. Quoi de mieux? J’embarque dans les grands souliers qu’Isabelle a chaussés, mais je crois qu’ils me feront aussi.
V.P.
Tu viens d’organisations qui comptent plusieurs milliers d’employés. Ici, en n’oubliant personne, on est quinze. Tu n’as pas peur de t’ennuyer?
J.O.
Non. Être à la barre d’une association comme Via Prévention va me faire toucher à tout. C’est ce qui me manquait. Plus tu es haut dans une grande entreprise, moins ton équipe directe est grosse. Moi, je suis une fille d’équipe. Puis, je ne m’ennuierai pas car il y a beaucoup à faire en SST et en prévention pour nos membres et tous ceux qui font affaire avec nous. Un jardin, ça s’agrandit. Une fois qu’il est plus grand, on peut rajouter une serre.
V.P.
C’est ce que tu as dit en entrevue?
J.O.
Je ne sais pas mais j’espère. Je trouve ça beau. C’est peut-être pour ça que je suis là (rires).
V.P.
Tu as fait passer des centaines d’entrevue dans ta carrière. Comment t’as trouvé le processus d’embauche de Via Prévention?
J.O.
C’était hyper différent. J’explique. Dans la vie, j’ai eu la chance de ne jamais appliquer pour une job, je reçois toujours des appels. Je suis privilégiée, avec des emplois stables. Des entrevues, je n’en ai pas passées beaucoup. La différence avec Via est que je connaissais les personnes qui m’ont passée en entrevue et je devais garder mon chapeau de candidate et non celui d’ancienne collègue, membre du conseil d’administration.
V.P.
Chez Via Prévention on aime dire que le plaisir est un moyen de prévention. On utilise l’humour, on essaie de montrer du fun et de nous positionner sur ce terrain de perception-là. Or, dans le transport comme ailleurs, la prévention est vue comme quelque chose de plate, qui dérange dans le travail et qu’on n’a pas besoin de se faire dire quoi faire. Et c’est pas cool parce qu’on n’aime pas faire ce qui est plate. Alors, on tente de changer cette perception.
Comment tu vois ça?
J.O.
Il faut dynamiser le secteur. Suivre une règlementation, ce n’est pas facile. Ça peut couper un élan, je l’ai vécu. Alors, oui, on peut présenter les choses autrement et pas juste pour les employés. Pour les gestionnaires aussi. Si ces deux groupes n’adhèrent pas, on n’y arrivera jamais. Il revient aux gestionnaires leaders d’apporter le dynamisme. Et pourquoi pas passer par l’humour? C’est tellement plus agréable et on s’en souvient plus. Il y a deux choses dont on se souvient, dans la vie: quand c’est hyper percutant ou triste, et quand c’est très drôle. On va tous se souvenir de la blague la plus drôle qu’on a entendue.
V.P.
Tu peux me conter une histoire drôle?
J.O.
J’étais adolescente et on allait parfois dans notre chalet familial rustique, sans électricité, dans lequel pouvaient nicher des souris. Un soir, ma sœur et moi sommes sur nos lits superposés lorsqu’on entend un claquement. Elle me dit: «Jude, une souris est prise». Je lui réponds que «Non, je n’irai pas voir, pas question». Elle prétend alors que si je n’y vais pas, toute la famille souris va venir dans mon lit. Alors, en bonne petite sœur niaiseuse, je me lève et me retrouve nez à nez avec une souris qui décide de courir après moi. J’ai eu la peur de ma vie. Trente ans plus tard on s’en parle encore et on en rit à en pleurer. Tous les chocs, épeurant comme drôles, on s’en souvient. Alors si on peut faire passer une règle en riant, why not?
Il faut dynamiser le secteur. Suivre une règlementation, ce n’est pas facile. Ça peut couper un élan, je l’ai vécu. Alors, oui, on peut présenter les choses autrement et pas juste pour les employés. Pour les gestionnaires aussi. Si ces deux groupes n’adhèrent pas, on n’y arrivera jamais.
Judy Ostiguy