Image de C’est la monture qui décide d’avancer

Guy Godin a pris sa retraite de préventionniste après 41 ans de carrière dont 20 chez Via Prévention, jusqu’en décembre dernier. C’est l’fun à lire l’a appelé dans sa résidence de Saint-Thomas pour lui poser simplement trois questions. Conférencier au verbe facile et formateur d’expérience, il ne lui en fallait plus pour partager une partie de son précieux bagage. 

C’est le fun à lire

Il n’est pas facile d’évaluer l’impact de mesures de prévention. Dans ta carrière, as-tu vécu des exemples d’initiatives qui ont apporté des résultats mesurables ? 

Guy Godin

Je crois que toute action de prévention, quelle qu’elle soit, a un impact quelconque sur quelqu’un ou sur un groupe de personnes. Si tu ne fais rien, il ne va rien se passer. Si tu mènes des actions cohérentes, qui respectent les valeurs de l’entreprise et des gens, c’est sûr que ça va avoir un impact. Quel impact ? Ça dépend de l’action. Je me souviens être arrivé dans une entreprise où le comité de santé-sécurité était extrêmement mal vu. Néanmoins, juste le fait que ce comité se réunisse et fasse des choses a eu un impact significatif sur le comportement des gens. Au niveau de la prévention, il faut que ça bouge, il faut faire quelque chose. N’attends pas d’avoir des statistiques d’accident pour passer à l’action. Qu’est-ce que ça prend pour en avoir, des statistiques d’accidents ? Ça prend des accidents. Or, on n’est pas obligé d’attendre des accidents pour éviter qu’il en arrive. Il faut être proactif, c’est ça la prévention. Les statistiques d’accident, elles mesurent le manque de prévention. La prévention se mesure par les actions mises en place. Et ces actions vont nécessairement avoir un impact. 

CFAL

Quel est le moment de ta carrière où tu as eu le plus de plaisir à faire de la prévention ? 

GG

Mes 20 ans de carrière chez Via Prévention. C’est là que j’ai eu le plus de fun, avec les conférences et les formations que je donnais. Aussi en participant à un comité SST chez un client en particulier, en dirigeant les gens vers certaines discussions, certains points de vue. Je virais le miroir devant la face du gars en lui disant : « Parle-lui à lui et dis-lui ce que c’est de la prévention. C’est à toi que tu dois parler. » Il y avait un p’tit thrill, j’aimais ça. 

CFAL

Via Prévention va accueillir très bientôt un ou une nouvelle préventionniste. Si tu ne pouvais lui donner qu’un seul conseil, quel serait-il ? 

GG

N’essaie pas de changer le monde, tu seras pas capable. Parce que le monde, il va changer à son rythme, selon ses valeurs et ce qu’il veut changer. Que ce soit un dirigeant ou un travailleur, même si tu veux le bousculer, il va y aller à son rythme. Tout ce que tu peux faire, c’est l’accompagner, le supporter, le diriger. C’est ça, le rôle d’un conseiller. Tu ne pourras rien changer si la personne ne veut pas changer. Un conseiller ne doit pas faire, il doit aider à faire. Il ne faut pas se croire au-dessus des gens que l’on conseille. Par rapport à ça, je n’ai jamais oublié cette image présentée lors d’une conférence d’un psychologue il y a bien des années : imagine quelqu’un d’un niveau supérieur à toi. Toi t’es à quatre pattes et l’autre est pardessus toi. Qui décide si et quand on avance ?

N’attends pas d’avoir des statistiques d’accident pour passer à l’action.

Guy Godin