Image de Gérer le risque de violence en transport scolaire

Parmi les risques présents dans le transport scolaire, la violence demande une attention particulière. La violence au travail fait partie des risques psychosociaux au même titre que le harcèlement et l’exposition à un évènement potentiellement traumatique. Prévenir le risque d’exposition à la violence est à la fois une obligation légale et morale. Prévenir la violence c’est prendre soin de la santé psychologique des membres du personnel tout en augmentant leur bien-être et leur engagement envers l’entreprise.

Est-ce que l’employeur a l’obligation de gérer la violence au travail?

Oui. La Loi modernisant le régime de santé et sécurité du travail (LMRSST), sanctionnée le 6 octobre 2021, comprend une obligation d’éliminer les dangers pour l’intégrité psychique du personnel. Tous les employeurs au Québec doivent prendre des mesures pour protéger les gens exposés à une situation de violence sur les lieux de travail.

Quelles sont les conséquences de l’exposition à la violence?

L’exposition à des évènements de violence peut affecter la qualité de vie. Ils sont la cause de stress et d’anxiété pouvant mener à la dépression, à l’épuisement professionnel et à l’isolement. S’ils perdurent pendant une longue période, ils peuvent contribuer aux problèmes de santé physique comme les troubles du sommeil, les troubles psychiques, les maladies cardiovasculaires et les troubles musculosquelettiques.

Dans une organisation où les risques de violence sont présents, on peut noter une augmentation de l’absentéisme et du roulement de personnel, des difficultés pour recruter et une augmentation des accidents du travail. Une atmosphère de travail néfaste peut entraîner des conflits, une démotivation, une dégradation de la productivité et une augmentation des incivilités. Avec de tels dysfonctionnements, les risques psychosociaux peuvent coûter cher à l’entreprise.

Quelles sont les sources de violence au travail à surveiller?

La violence peut être interne ou externe. Au sein de l’entreprise, elle peut se manifester entre les membres du personnel, peu importe le niveau hiérarchique dans l’organisation.  La violence externe à l’entreprise peut se manifester par toute personne présente dans le milieu de travail sans lien d’emploi comme un ou une élève, un parent, un usager ou une usagère de la route, un conjoint ou une conjointe.

Quels types de violence doit-on gérer?

La violence peut s’exprimer sous plusieurs formes qui peuvent être regroupées en catégories comme suit:

  • Violence verbale: crier, insulter, menacer, exprimer des propos à connotation sexuelle, langage grossier;
  • Violence non verbale: geste, regard menaçant ou sexuel, cracher, attitude de mépris, incivilité, menacer avec des objets;
  • Violence physique: cracher, agripper, frapper, agresser sexuellement, attaquer avec un objet;
  • Violence contre un objet: lancer des objets, mettre en désordre, claquer une porte, frapper ou briser des objets, vandaliser un autobus, voler.

Implanter un programme de prévention de la violence

L’implantation d’un programme de prévention est le principal outil prévu par la Loi sur la santé et la sécurité du travail. Le programme de prévention doit être élaboré par l’employeur, avec la participation du comité de santé et sécurité du travail (CSS), des membres du personnel. Cette mesure préventive est un moyen efficace parce qu’elle permet de structurer et d’organiser la démarche de prévention. Pour élaborer le programme, il est préférable de diviser la tâche en étapes, comme l’identification et la priorisation, la correction et le contrôle des risques.

Élaborer le programme de prévention une étape à la fois

En suivant les étapes proposées, la démarche de prévention est plus facile à gérer. Les étapes se succèdent les unes après les autres, mais il est possible de revenir à la première étape pour ajouter ou modifier l’information qui s’y trouve.

1. Identifier

Prendre le temps de bien documenter la situation de travail permet de tracer un portrait plus précis des risques. Il est nécessaire d’élaborer des politiques en prévention et gestion de la violence en comité paritaire et d’encourager une communication ouverte et transparente au sein de l’organisation. Les registres d’incidents permettent de classifier les comportements violents et de trouver des moyens de prévention pour chaque catégorie. Enfin, un programme d’aide aux employés doit être mis sur pied.

Pour ne rien oublier:

  • Élaborer une politique en prévention et gestion de la violence;
  • Consulter les registres d’accidents, d’incidents et de premiers secours;
  • Classifier les évènements violents subis par le personnel (verbal, physique, psychologique, sexuel, autres);
  • Offrir un programme d’aide et de soutien aux victimes de violence;
  • Répertorier le personnel qui est exposé à la violence (celui sur la route, le personnel de soutien et de mécanique);
  • Lister au cours de quelle tâche il y a eu des évènements de violence (conduite, à l’arrêt, service client, etc.), à quel endroit (trajet, école, entreprise) et à quel moment (matin, midi, en fin de journée).

Lorsque les risques de violence ont été identifiés et classés, ils doivent être priorisés. Les plus importants doivent être traités en premier. Le programme de prévention est un plan de travail dans lequel sont inscrites les actions à réaliser pour corriger et contrôler les risques. Il permet d’agir d’une façon ordonnée sans rien oublier.

2. Corriger

Cette étape est celle de la recherche de solutions et de l’implantation des moyens de prévention, afin d’éliminer et de corriger les situations présentant des risques de violence. Voici des exemples de mesures préventives à mettre en place:

  • Faire connaître la politique en prévention et gestion de la violence à tout le personnel;
  • Définir un vocabulaire sur la violence pour se doter d’un langage commun afin de faciliter les déclarations des évènements accidentels;
  • Sensibiliser les membres du personnel et les gestionnaires aux risques de la violence;
  • Former tout le personnel, plusieurs thématiques peuvent être envisagées ainsi que des capsules de rafraichissement;
  • Collaborer avec les écoles pour accroître les interventions de sensibilisation auprès des usagers, des usagères et des parents;
  • Envisager l’installation d’équipement comme des cabines anti-agression ou des barrières physiques dans les véhicules;
  • Considérer l’utilisation de caméras de surveillance ou d’autres technologies de dissuasion.

3. Contrôler

Cette étape survient à la suite d’un évènement violent et doit être soigneusement préparée pour permettre de soutenir la victime, d’analyser le risque pour le documenter et de valider les moyens de prévention mis en place.

Soutenir la personne ayant subi un acte de violence, la diriger vers le programme d’aide aux employés, implanter des mesures de réintégration au travail.

Analyser le risque pour le contrôler et l’empêcher d’être à la source d’un nouvel accident. Faire une analyse de la situation de travail, identifier les facteurs de risque, évaluer les mesures de protection existantes et mettre en place les correctifs requis.

À la suite de l’analyse, les mesures préventives peuvent être améliorées par le renforcement ou la modification des pratiques.